Les maux de tête tels que la migraine sont une cause majeure de morbidité dans le monde, mais la plupart des traitements n’apportent qu’un soulagement partiel. Bien que les scientifiques sachent que les migraines et les maux de tête connexes sont causés par l’activité d’une partie du système nerveux connue sous le nom de ganglion trigéminal (TG), on ne sait toujours pas exactement quels sont les gènes et les types de cellules du TG qui sont impliqués. En analysant le ganglion trigéminal de l’homme et de la souris, des chercheurs du Brigham and Women’s Hospital et du Massachusetts General Hospital ont établi le profil des gènes exprimés dans chaque type de cellule du ganglion trigéminal, avec une résolution cellulaire unique. Cette recherche, publiée dans Neuron, pourrait permettre aux scientifiques de concevoir des traitements de la douleur plus efficaces en ciblant des gènes et des cellules spécifiques.
Un atlas génétique pour aider à développer de meilleurs analgésiques pour la migraine
Malgré leur grande efficacité dans les modèles animaux, seuls quelques médicaments contre la douleur ont été mis sur le marché. L’objectif des chercheurs était donc d’analyser les tissus humains afin de trouver de nouvelles cibles pour le traitement des maux de tête et des douleurs faciales. En cartographiant les types de cellules et les gènes exprimés dans le ganglion trigéminal de l’homme et de la souris, les chercheurs ont créé une ressource en ligne pour étudier la base moléculaire des maux de tête et des douleurs faciales. Cet atlas des gènes exprimés dans chacun des types de cellules du ganglion trigéminal, principal centre de relais de la migraine et de la douleur faciale, permet d’identifier des cibles thérapeutiques potentielles qui sont exprimées de manière sélective dans les cellules à l’origine des maux de tête. Les experts pensent que cela permettra de mettre au point des médicaments plus précis, sans les nombreux effets secondaires.
Outre l’analyse des TG de quatre donneurs humains, les chercheurs ont examiné deux modèles de souris souffrant de maux de tête. Fait important, ils ont constaté que si les types de cellules sont largement conservés entre les souris et les humains, certains des gènes connus pour être impliqués dans la douleur sont exprimés dans des sous-ensembles de cellules différents chez les souris et chez les humains. Cela a donné aux chercheurs de nouvelles idées sur les cellules à étudier plus avant.
Les informations contenues dans l’atlas des chercheurs, qui est accessible au public en ligne, pourraient inspirer de nouvelles recherches sur la base moléculaire de différents types de douleur, tels que les maux de dents. Elles pourraient également permettre de mieux comprendre comment traiter les maux de tête autres que les migraines, notamment les maux de tête consécutifs à une commotion cérébrale ou les céphalées en grappe. À l’avenir, les chercheurs prévoient d’améliorer l’atlas actuel en séquençant d’autres tissus humains. Ils espèrent que l’atlas pourra aider les chercheurs à concevoir des traitements plus sélectifs de la douleur en ciblant les cellules spécifiques qu’ils ont identifiées grâce aux thérapies géniques.
Les antalgiques de la migraine dans la lutte contre l’obésité
Pour traiter efficacement un mal de tête tenace, les triptans sont souvent différés. Une étude menée par des scientifiques de l’UT Southwestern suggère que cette classe de médicaments contre la migraine pourrait également être utile dans le traitement de l’obésité. Lors d’études menées sur des souris obèses, une dose quotidienne de triptan a incité les animaux à manger moins et à perdre du poids en l’espace d’un mois.
L’obésité est devenue une épidémie dans le monde occidental. Une mauvaise alimentation et le manque d’exercice physique conduisent à l’obésité au fil du temps, ce qui augmente le risque de maladies cardiaques, d’accident vasculaire cérébral, de diabète et de certains types de cancer. La plupart des traitements de l’obésité se concentrent sur les habitudes alimentaires et l’activité physique. Les scientifiques savent depuis longtemps que la sérotonine, un messager chimique présent dans tout le cerveau et le corps, joue un rôle clé dans l’appétit. Cependant, il existe 15 récepteurs de sérotonine différents, des molécules qui détectent la sérotonine et signalent aux cellules qu’elles doivent modifier leur comportement en conséquence. Les chercheurs ont eu du mal à comprendre le rôle de chaque récepteur de sérotonine dans l’appétit. Les triptans, utilisés pour traiter les migraines aiguës et les céphalées en grappe, agissent en ciblant un autre récepteur, le récepteur 1B de la sérotonine (Htr1b), dont le rôle dans l’appétit et la perte de poids n’avait pas été bien étudié jusqu’à présent.
Neurones jouant un rôle dans l’appétit
Pour l’étude, les chercheurs ont testé six triptans sur ordonnance sur des souris obèses soumises à un régime riche en graisses pendant sept semaines. Les souris ayant reçu deux de ces médicaments ont mangé à peu près la même quantité, mais les souris ayant reçu les quatre autres suppléments ont mangé moins. Après 24 jours, les souris ayant reçu une dose quotidienne de frovatriptan ont perdu en moyenne 3,6 % de leur poids corporel, tandis que les souris n’ayant pas reçu de triptan ont gagné en moyenne 5,1 % de leur poids corporel. Les chercheurs ont constaté que ces médicaments, dont un en particulier, peuvent réduire le poids corporel et améliorer le métabolisme du glucose en moins d’un mois.
Pour déterminer exactement comment le frovatriptan affecte la prise alimentaire et le poids, les chercheurs ont créé des souris dépourvues de Htr1b ou de Htr2c, le récepteur de la sérotonine ciblé par le fen-phen et la lorcaserine. Chez les souris dépourvues de Htr1b, le frovatriptan n’a plus été en mesure de réduire l’appétit ou de provoquer une perte de poids, tandis que l’arrêt de Htr2c n’a eu aucun effet. Cela confirme que le médicament agit en ciblant le récepteur de la sérotonine 1B. Selon les chercheurs, cette découverte pourrait être importante pour le développement de médicaments et pour le traitement de l’obésité. L’équipe a ensuite montré exactement quels neurones du cerveau sont les plus importants pour le rôle de Htr1b dans la médiation de l’appétit en se concentrant sur un petit sous-ensemble de cellules dans l’hypothalamus du cerveau.